Colette - Prisons et Paradis
Prisons et Paradis
Colette
Description
Soixante, quatre-vingts kilos de serpent, sur la fourche basse de l’arbre mort. Rien ne semble vivant dans la cage. Est-ce une branche morte qui va remuer la première ? Polie, lustrée, ointe par des générations de reptiles, cylindrique, onduleuse, par places renflée… C’est peut-être elle qui a mangé un lapin la semaine dernière ? Sur la fourche haute, un quintal de python dort, ou paraît dormir. Roulé d’abord en spirale, il a assuré ensuite son équilibre par des « huit » d’écheveaux. Mais que faire des dix pieds qui pendaient encore ? Il a relevé ce demeurant au petit bonheur, l’a assujetti en demi-clefs, en nœuds de tisserand, et caché le bout. Deux haillons transparents, deux nasses en gros tulle couleur d’araignée, témoignent que le printemps a dégainé d’eux-mêmes les deux grands serpents. Ils sont neufs.
